La jeune fille en ronronnait presque de sentir Shin caresse ses cheveux. Elle n’aimait pas trop que les contacts avec les gens de manière générale, mais Shin était un aimant pour elle. Dès qu’elle le voyait, si temps est que YunHo ne soit pas dans le coin, elle se collait à lui.
- Oui je reste... il faut que je face un rapport sur ma mission d'hier soir ça va me prendre pas mal de temps, et puis YunHo m'a demandé de faire avec toi un récapitulatif sur les quartiers ne possédant pas encore tes jolies affiches...
Elle applaudit à deux mains, comme une petite fille, qui venait de recevoir un cadeau avant l’heure.
- Le quartier ceinturant le QG des NoRight, ne l’est pas, répondit-elle. La dernière fois que je m’y suis rendu, il m’a fallu l’aide d’Hero pour m’en tirer, avoua-t-elle en jouant avec l’une des mains de Shin.
Bora commença à réciter pour elle-même, une comptine que l’une de ses sœurs lui avait apprise.
"Ce petit doigt mange du rosbif, celui-là n’a rien à manger et celui-ci fait : pili-pili~jusqu’à sa maison."
Ça l’amusait énormément d’y jouer avec les grandes mains de Shin, c’était décalé à souhait et elle adorait.
-J'ai vu mon frère cette nuit, lança-t-il brisant le silence.
Elle se releva, et le regarda interrogative.
Elle ne savait exactement ce qu’il y avait entre Shin et son jumeau, mais ce dernier était toujours très confus et triste quand il en parlait. Hwang Bo ne comprenait pas exactement ce qui unissait les deux jeunes hommes, ils semblaient avoir une relation très profonde. Elle n’avait jamais eu ce genre de relation avec Kwang Ho, elle l’aimait bien, sa présence était reposante, mais elle n’avait recherché sa compagnie, comme elle pouvait le faire avec YunHo ou Shin.
Elle sentit que l’humeur enjouée du jeune homme avait chuté à une vitesse vertigineuse. Ça brûlait. Ses yeux brûlaient.
- Ha désolé, je sais je devrais pas y penser ! S’excusa-t-il en voyant son air perdu.
Elle secoua la tête, pour chasser les larmes qui montaient à ses yeux et l’idée stupide qui le faisait s’excuser.
-Tu veux que j'aille nous chercher quelques choses à boire ? Demanda-t-il gentiment en se penchant vers elle.
Elle secoua la tête à nouveau, voyant qu’il se levait, Bora se leva précipitamment et enserra sa taille par derrière.
- T’as pas le droit de partir, chuchota-t-elle la voix étouffée dans son dos.
Elle ne savait pas trop ce qui poussait le jeune homme à la laisser seule une fois sur deux, après avoir commencé à se confier. Mais ça lui minait bien plus le moral que tout ce qu’il pouvait bien dire ou ressentir. Elle détestait ça. Il n’avait pas le droit de commencer et de s’arrêter au milieu, presque plus confus qu’avant d’avoir commencé.
- T’as pas le droit de commencer une phrase et de ne pas aller jusqu’au bout, continua-t-elle étouffant ses pleurs dans sa chemise.
D’accord elle était fragile émotionnellement. D’accord les sentiments des autres influençaient en grande partie les siens. Mais elle avait appris à vivre avec, elle pouvait même s’en servir, si elle en avait besoin pour manipuler son interlocuteur.
Elle se demanda si elle n’était pas plus peinée qu’il pense que son bien être lui importait plus que de l’écouter.
- Tu as le droit, de pleurer, de rire, de dire ce que tu penses, ou ce que tu as sur le cœur, Shin.
Elle le força à se tourner vers elle, et lui sourit à travers ses larmes.
- Ça fait mal ici, dit-elle en posant sa main sur son cœur. Quand tu parts à la place d’épancher ce qui t’habite. 9a fait mal, parce que tu as mal, expliqua-t-elle. Alors reste ! Parle-moi de ton frère, de tes parents, de ce qui te ronge, mais ne pars pas comme ça, comme si tu avait peur pour moi.
Elle essuya ses yeux, étalant le Khôl, un sourire éclatant aux lèvres.
- C’est pas bon de garder ça en toi, ça te ronge, conclu-t-elle.
Elle le tira vers le canapé et le força à se rasseoir. Elle était peut-être frêle, mais elle avait assez de force pour ça. Elle se réinstalla à côté de lui.
- J’ai ruiné ta chemise, au fait, ajouta-t-elle en riant.